Lorgues

Lorgues chef lieu de viguerie



Le palais de justice, place Neuve. 1768. Jean-Antoine Torcat architecte

Extrait de : Lorgues le Temps Retrouvé. Alain Marcel. Ed. Equinoxe 20171768.

1768. Construction d’un tribunal sur la place Neuve

En 1749, sous le règne de Louis XV, l’organisation de la Justice fut simplifiée et ramenée à trois niveaux.  Sous le parlement d’Aix, qui comprenait dans son ressort toute la Provence, furent placés douze tribunaux de sénéchaussées, et à l’échelon inférieur : vingt-six judicatures royales. Lorgues était l’une de ces judicatures. Ses jugements pouvaient être portés en appel, devant le tribunal de la sénéchaussée qui se trouvait à Draguignan.
Un procureur du Roi en la judicature fut établi, le viguier ne conservant que  le règlement des fautes légères qui regardaient la police, plutôt que la justice.
Pour accueillir ces différents services un tribunal fut édifié en 1768, place Neuve. Sa réalisation fut confiée à Jean Antoine Torcat. L’architecte réalisa cette élégante bâtisse, de style baroque provençal, à la belle façade symétrique. Le palais de justice comprenait à l'origine : au rez-de-chaussée, en entrant à droite, deux réduits servant de prisons, et à gauche un appartement en façade et un autre derrière ; au premier étage une grande salle d'audience et une chambre de conseil.
Le système de l'époque étant, nous l’avons vu, celui de la vénalité des offices, les magistrats achetaient leur charge et de ce fait, seules la noblesse et la grande bourgeoisie pouvaient s'approprier ces fonctions. Une taxe annuelle, « la paulette », permettait même d’en jouir comme d'un bien privé, de vendre sa charge à une autre personne ou de la transmettre à ses enfants. Ce principe engendrait une justice plus crispée sur ses privilèges que  soucieuse d’équité.
Les cahiers de doléances, rédigés à la veille de la Révolution, avaient souligné la nécessité d’une réforme judiciaire. En 1790, l’Assemblée constituante entreprit de reconstruire l'ensemble du système sur de nouvelles bases. C’est ainsi que la loi des 16-24 août 1790 décida qu’un juge de paix serait institué dans chaque canton, après avoir été élu par le peuple. La justice de paix avait pour principale mission de régler les litiges de la vie quotidienne par une démarche conciliatrice. Lorgues chef-lieu de canton eut donc une justice de Paix, elle fut installée à l’Hôtel de Ville. Son ressort s'étendait alors sur les communes, de Lorgues, Taradeau, et du Thoronet.
Un arrêté en date du 15 brumaire an X (novembre 1801) réduisit le nombre de justices de paix et de fait celui des cantons. Le canton de Lorgues s’agrandit alors et comprit les villes suivantes : Les Arcs, Le Cannet, Lorgues, Le Luc, Taradeau, Vidauban. Le palais de Justice ne servit donc qu’une vingtaine d’années, de 1768 à 1789. Le bâtiment fut ensuite vendu et transformé pour être habité jusqu'en 1980. Abandonné à partir de cette date, il fut racheté par la commune en 1991 et restauré en 2004 pour abriter les services de la mairie annexe.


 

 Fermer